Sidi Mohammed Taha Graoui
Né à Vichy , le 8 décembre 1973
Mail : sidigraoui@orange.fr

Pour me consacrer entièrement à la danse , j’ai arrêté mes études
en terminale et suis devenu danseur professionnel en 1998 , à 24 ans .
Né en France , j’ai vécu six ans au Maroc ( de 13 à 19 ans ) et vis en
France depuis
.


Sidi GRAOUI , bonjour ! Vous êtes aujourd’hui chorégraphe . Pouvez vous évoquer votre parcours ?
Bonjour , bien sûr ! Hé bien tout d’abord j’ai commencé au centre de danse Lisette BOURON, à Vichy en 1995/6 et puis à l’ENMD* de La Rochelle . Ensuite , je suis allé à Montpellier au CNN* dirigé par Mathilde MONNIER .
J’ai ensuite été danseur permanent pour le centre chorégraphique d’Aix en Provence jusqu’en 2001 .
Puis j’ai alterné entre formations complémentaires et mes débuts de chorégraphe . J’ai notamment travaillé avec Heddy MAALEM , Angelin PRELJOCAJ …Et puis en 2005 j’ai créé ma propre compagnie AIR FOOD COMPAGNY*.

Vous avez aussi travaillé à l’étranger …
Oui , au Maroc où j’ai en 2003 eu la chance de présenter ma première création Quadratura lors d’une tournée ; mais aussi en Belgique , aux Pays Bas , au Mali … Chaque année , une collaboration avec l’étranger m’est proposée . Au Maroc par exemple , c’est l’ambassade de France qui m’avait sollicité pour participer à l’exposition Jean Genet et le monde arabe et puis ensuite pour animer des stages à Meknès , Fès , Marrakech .

*ENMD : école nationale de musique et de danse
*CNN : centre chorégraphique national
*airfoodcompagny@orange.fr


Plus que la pédagogie , c’est la sensibilisation
à la danse contemporaine qui m’intéresse

Vous ne travaillez pas seulement avec des professionnels mais aussi avec des écoliers , des étudiants voire avec des personnes âgées . Comment comprenez vous votre métier de danseur , de chorégraphe dans ce cas là ?
J’ai effectivement animé des stages dans des écoles de danse à Meknès , Bamako ou un peu partout en France mais j’aime aussi partager la danse avec des néophytes
J’ai plusieurs fois travaillé avec des écoliers dans le cadre de classes à PAC en Auvergne ou du projet « s’Allier en danse » dans le secteur de Vichy .
Dans ce cas , plus que la pédagogie , c’est la sensibilisation à la danse contemporaine qui m’intéresse . Cela passe par le développement de la conscience à son propre corps et l’approche de cette pratique peut être adaptée à tous les âges .

Vous proposez le 21 avril prochain au théâtre de Cusset votre nouvelle création Al-Kîmiyâ ( l’Alchimie ); expliquez nous ce titre , ce spectacle :
La pièce est un solo autobiographique qui interroge le métier de danseur . C’est d’abord un bilan sur ce qui s’est passé dans ma vie jusqu’à présent et sur ce qui va être poursuivi .
Le spectacle cherche à montrer cette transformation d’un corps brut en un matériau noble , comme le faisaient les alchimistes des temps médiévaux ou en tout cas comme le rêvaient ces gens versés en sciences dans les temps anciens .
C’est aussi une interrogation sur le rapport entre immigration/intégration et identité qui se forge dans le métissage des cultures ; ou encore métissage de disciplines artistiques puisque j’ai collaboré avec la plasticienne Delphine GIGOUX MARTIN et Jean Noël NUPIN pour la musique à l’occasion de cette création .


La semoule doit être préparée , attendrie , rendue perméable de façon à ce qu’elle soit la meilleure possible …
La cuisine est creuset de cultures , tout comme l’alchimie fut en son temps
la science qui mélangeait et transformait la matière brute en quelque chose de noble


L’alchimie est-elle la seule métaphore de ce spectacle ?
Non , puisqu’une partie du solo a pour espace une cuisine ; Outre le fait que la cuisine peut être intérieure c’est aussi le creuset de cultures diverses , de nourritures infinies , mais encore le lieu où j’ai grandi , où j’ai vu ma mère préparer la semoule ; semoule qu’il faut humidifier , rouler , cuire dans un labeur répétitif … afin d’obtenir la transformation idéale …

…Tout comme l’apprenti danseur va devoir apprendre , répéter , suer pour devenir ce qu’il est

Exactement ! et il y a aussi l’aspect sacrificiel du danseur , de ce corps qu’il façonne peu à peu à son art , parfois dans la douleur ; mais aussi de ce danseur accaparé voire dépecé par le regard du spectateur pour arriver à transcender l’idée , l’essence même d’un spectacle . Et c’est un peu ce que l’on retrouve dans le sacrifice du mouton lors de certaines fêtes religieuses..

Sidi GRAOUI , que peut-on vous souhaiter ?
Hé bien de continuer , tout simplement ! Car si ce spectacle m’a permis de m’interroger sur ce qui a été ma vie jusqu’à présent , il me fait dire que le métier de chorégraphe est ce que je souhaite poursuivre ; c’est le moyen d’expression que j’ai envie de continuer à explorer , pour longtemps encore .

Sidi GRAOUI , merci !
Merci à vous .


- Propos recueillis pour Http://Allier.Web.free.fr , en vue du spectacle du 21 avril 2009 au théâtre de Cusset -
C.P.